Eh ! mais il me semble que c’en est un des malheurs que de jeûner six semaines, quand on n’est pas dans le carême.
Peter !
Votre Honneur ?
Une plume, de l’encre, du papier.
Que va-t-il faire ?
Voilà.
Fais porter cette lettre au directeur du théâtre de Covent-Garden. Je lui annonce que je jouerai demain le deuxième acte de Roméo et le rôle de Falstaff, au bénéfice d’un de mes anciens camarades qui s’est démis l’épaule.
Ô monsieur Kean !
En voilà un vrai et véritable ami, dans le bonheur comme dans le malheur !
Philips ! (Un garçon entre.)
Tiens, il y a réponse. Eh bien ! tout le monde est-il prêt ?
Tout le monde.
Partons alors.
C’est juste ; il ne faut pas faire attendre le vicaire.
Oh ! ce n’est pas encore tout à fait pour le vicaire, qui attendrait à la rigueur, c’est pour le souper qui n’attendrait pas. Peter, je te le recommande.
Soyez tranquille ; je vais voir si la broche tourne.
Scène VII.
On y veille au souper, et soigneusement. On sait que vous êtes un gourmand, monsieur Kean, et l’on vous traitera en conséquence. Sommelier ! sommelier !
Voilà.
Vous aurez soin que l’on ne mette pas une goutte d’eau dans les bouteilles qu’on servira devant M. Kean.
Et dans les autres ?
Dans les autres, j’y vois beaucoup moins d’inconvénients.
C’est bien, maître.
Scène VIII.
Monsieur, je voudrais une chambre.
Elle est prête.
Comment !
Oui. Quelqu’un m’a ordonné de préparer la meilleure chambre de mon auberge pour une dame qui devait venir ce soir ; et cette dame c’est vous, je le présume.
Il pense à tout. Menez-moi vite à cette chambre, mon ami ; je crains à tout moment que quelqu’un entre ici.
Dolly ! Dolly. (Une femme de chambre entre.) Voici la porte, miss, n° 1. (À la femme de chambre.) Conduisez. Madame désire-t-elle quelque chose ?
Merci, je n’ai besoin de rien.
Scène IX.
Bonjour, monsieur Peter.
Ah ! monsieur Salomon, c’est vous ; diable ! vous entendez votre affaire : vous arrivez trop tard pour