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Page:Dumas - Isaac Laquedem, 1853, tome 5.djvu/212

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de son cavalier, le sphinx replia ses ailes, et s’accroupit gravement à la pointe d’un rocher qui surplombait un abîme.

Le voyageur ne doutait point qu’il ne fût arrivé en face de l’endroit désigné par la magicienne Médée, et que ces nuages amassés autour de la montagne ne lui dérobassent le corps du Titan.

C’était bien là, d’ailleurs, le paysage grandiose et sauvage à la fois qu’il s’était représenté comme servant de théâtre à la tragédie d’Eschyle. Pareil à une île sortant du sein de la mer, on voyait s’élever au-dessus des nuages le double sommet du Caucase, étincelant, aux premiers rayons du jour, comme une double pyramide de diamant, tandis que, plus sombre et plus profonde que la nuit, une immense forêt de chênes et de sapins surgissait au pied de la montagne, et, se hissant le long de ses hanches robustes, semblait une armée de vaillants guerriers montant à l’assaut