Page:Dumas - Joseph Balsamo, Lévy frères, 1872, volume 1.djvu/207

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sans dire qu’elle ignorait que cette même Nicole faisait d’elle un pis-aller.

Elle sourit, heureuse de trouver une créature humaine meilleure qu’elle ne l’espérait.

— Tu fais bien de m’être attachée, Nicole, répliqua-t-elle. Je ne l’oublierai pas. Confie-moi ton sort, mon enfant, et si quelque bonheur m’arrive, tu en auras ta part, je te le promets.

— Oh ! mademoiselle, c’est décidé, je vous suis.

— Sans regrets ?

— Aveuglément.

— Ce n’est pas répondre, dit Andrée. Je ne voudrais pas qu’un jour tu pusses me reprocher de m’avoir suivie aveuglément.

— Je n’aurai de reproches à faire qu’à moi-même, mademoiselle.

— Alors tu t’es donc entendue de cela avec ton prétendu ?

Nicole rougit.

— Moi ? dit-elle.

— Oui, toi, je t’ai vue causer avec lui.

Nicole se mordit les lèvres. Elle avait une fenêtre parallèle à celle d’Andrée, et elle savait bien que de cette fenêtre on voyait celle de Gilbert.

— C’est vrai, mademoiselle, répondit Nicole.

— Et tu lui as dit ?

— Je lui ai dit, reprit Nicole qui crut remarquer qu’Andrée la questionnait, et qui, rendue à ses premiers soupçons par cette fausse manœuvre de l’ennemi, essaya de répondre hostilement, je lui ai dit que je ne voulais plus de lui.

Il était décidé que ces deux femmes, l’une avec sa pureté de diamant, l’autre avec sa tendance naturelle au vice, ne s’entendraient jamais.

Andrée continua de prendre les aigreurs de Nicole pour des cajoleries.

Pendant ce temps, le baron complétait l’attirail de son bagage : une vieille épée qu’il portait à Fontenoy, des parchemins qui établissaient son droit à monter dans les carrosses de Sa