Page:Dumas - Joseph Balsamo, Lévy frères, 1872, volume 1.djvu/235

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— C’est vrai, répondit celui qu’on nommait Jean. Eh bien ! notre vieille comtesse de Béarn ?

— C’est fait.

— Comment, c’est fait ?

— Oui, elle viendra.

— Elle viendra ?

— Oui, oui, oui, fit mademoiselle Chon de la tête.

Cette scène se passait toujours du marchepied au coussin de la chaise.

— Que lui as-tu donc conté ? demanda Jean.

— Que j’étais la fille de son avocat, maître Flageot, que je passais par Verdun et que j’avais pour commission de lui annoncer, de la part de mon père, la mise au rôle de son procès.

— Voilà tout ?

— Sans doute. J’ai seulement ajouté que la mise au rôle rendait sa présence à Paris indispensable.

— Qu’a-t-elle fait alors ?

— Elle a ouvert ses petits yeux gris, humé son tabac, prétendu que maître Flageot était le premier homme du monde, et donné des ordres pour son départ.

— C’est superbe, Chon ! Je te fais mon ambassadeur extraordinaire. Maintenant déjeunons-nous ?

— Sans doute, car ce malheureux enfant meurt de faim, mais lestement, n’est-ce pas ?

— Pourquoi donc ?

— Parce qu’on arrive là-bas !

— La vieille plaideuse ! bah ! pourvu que nous la précédions de deux heures, le temps de parler à monsieur de Maupeou.

— Non, la dauphine.

— Bah ? la dauphine, elle doit être encore à Nancy.

— Elle est à Vitry.

— À trois lieues d’ici ?

— Ni plus ni moins.

— Peste ! ceci change la thèse ! Allons, postillon, allons.

— Où cela, monsieur ?

— À la poste.

— Monsieur monte-t-il, ou descend-il ?