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XXII

LE VICOMTE JEAN.


Le jeune lieutenant des gendarmes-dauphin, car c’était bien lui, sauta à bas de son cheval à l’aspect de la scène bizarre qui commençait à rassembler autour de l’hôtel de la poste toutes les femmes et tous les enfants du village de la Chaussée.

En apercevant Philippe, le maître de poste alla pour ainsi dire se jeter aux genoux de ce protecteur inattendu que la Providence lui envoyait.

— Monsieur l’officier, cria-t-il, savez-vous ce qui se passe ?

— Non, répondit froidement Philippe, mais vous allez me le dire, mon ami.

— Eh bien ! on veut prendre de force les chevaux de Son Altesse Royale madame la dauphine.

Philippe dressa l’oreille en homme à qui l’on annonce une chose incroyable.

— Et qui donc veut prendre les chevaux ? demanda-t-il.

— Monsieur, dit le maître de poste.

Et il désigna du doigt le vicomte Jean.

— Monsieur ? répéta Philippe.

— Eh ! mordieu ! oui, moi-même, dit le vicomte.

— Vous vous trompez, dit Taverney en secouant la tête, c’est impossible ; ou monsieur est fou, ou monsieur n’est pas gentilhomme.

— C’est vous qui vous trompez sur ces deux points, mon cher lieutenant, dit le vicomte, on a sa tête parfaitement à soi, et l’on descend des carrosses de Sa Majesté, en attendant que l’on y remonte.

— Comment, ayant la tête à vous et descendant des carrosses