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Page:Dumas - Joseph Balsamo, Lévy frères, 1872, volume 5.djvu/103

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premier appréciateur du royaume, si Votre Majesté, l’infaillibilité en personne, ne m’assurait cela, comment pourrais-je le croire ?… Quoi ! sire, contrefaite à ce point ?

— Plus que cela, monsieur, atteinte d’une maladie… affreuse… un guet-apens, duc. Mais, pour Dieu, plus un mot sur elle, vous me feriez mourir.

— Ô ciel ! s’écria Richelieu, je n’en ouvrirai plus la bouche, sire. Faire mourir Votre Majesté ! oh ! quelle tristesse ! Quelle famille ! Doit-il être malheureux, ce pauvre garçon !

— Mais de qui donc me parlez-vous encore ?

— Oh ! cette fois, d’un fidèle, d’un sincère, d’un dévoué serviteur de Votre Majesté. Oh ! par exemple, sire, voilà un modèle, et vous l’avez bien jugé, celui-là. Pour cette fois, j’en réponds, vos faveurs ne sont point tombées à faux.

— Mais de qui est-il donc question, duc ? Achevez, j’ai hâte.

— Je veux parler, répondit moelleusement Richelieu, du fils de l’un, sire, et du frère de l’autre. Je veux parler de Philippe de Taverney, de ce brave jeune homme à qui Votre Majesté a donné un régiment.

— Moi ! j’ai donné un régiment à quelqu’un ?

— Oui, sire, un régiment que Philippe de Taverney attend toujours, c’est vrai, mais que vous avez donné enfin.

— Moi ?

— Dame ! je le crois, sire.

— Vous êtes fou !

— Bah !

— Je n’ai rien donné du tout, maréchal.

— Vraiment ?

— Mais de quoi diable vous mêlez-vous ?

— Mais, sire…

— Est-ce que cela vous regarde ?

— Moi, pas le moins du monde.

— Vous avez donc juré alors de me brûler à petit feu avec ce fagot d’épines ?

— Que voulez-vous, sire, il me semblait, je vois bien que je