Page:Dumas - Joseph Balsamo, Lévy frères, 1872, volume 5.djvu/109

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Andrée pâlit de nouveau ; une sueur froide monta de sa poitrine à son front, et ce cercle noir que Taverney reprochait si amèrement aux paupières de sa fille s’agrandit, s’agrandit de telle façon, que la dauphine, à qui l’hésitation d’Andrée avait fait lever la tête, s’écria :

— Encore !… voyez, duchesse, en vérité cette enfant est malade, elle perd connaissance.

Et, cette fois, la dauphine elle-même recourut à un flacon de sels qu’elle fit respirer à sa lectrice. Ainsi ranimée, Andrée voulut essayer de ramasser le livre, mais ce fut en vain ; ses mains avaient conservé un tremblement nerveux que rien ne put apaiser durant quelques minutes.

— Décidément, duchesse, dit la dauphine, Andrée est souffrante, et je ne veux pas qu’elle aggrave son mal en restant ici.

— Alors, il faut que mademoiselle retourne promptement chez elle, fit la duchesse.

— Et pourquoi cela, madame ? demanda la dauphine.

— Parce que, répliqua la dame d’honneur avec une profonde révérence, parce que c’est ainsi que commence la petite vérole.

— La petite vérole ?…

— Oui, des évanouissements, des syncopes, des frissons.

L’abbé se crut essentiellement compromis dans le danger que signalait madame de Noailles, car il leva le siège, et, grâce à la liberté que lui donnait cette indisposition d’une femme, il s’esquiva sur la pointe du pied, et si adroitement, que personne ne remarqua sa disparition.

Lorsque Andrée se vit pour ainsi dire entre les bras de la dauphine, la honte d’avoir incommodé à ce point une aussi grande princesse lui rendit des forces, ou plutôt du courage ; elle s’approcha donc de la fenêtre pour respirer.

— Ce n’est pas ainsi qu’il faut prendre l’air, ma chère demoiselle, dit madame la dauphine ; retournez chez vous, je vous ferai accompagner.

— Oh ! je vous assure, madame, dit Andrée, que me voilà