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Page:Dumas - Joseph Balsamo, Lévy frères, 1872, volume 5.djvu/118

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votre fille est souffrante, et vous n’avez guère soin de cette enfant.

— Madame… balbutia Taverney.

— Venez, docteur, dit la dauphine avec cette bonté charmante qui n’appartenait qu’à elle ; venez, tâtez ce pouls, interrogez ces yeux battus, et dites-moi la maladie de ma protégée.

— Oh ! madame, madame, que de bonté !… murmura la jeune fille. Comment osé-je recevoir Votre Altesse Royale…

— Dans ce taudis, voulez-vous dire, chère enfant ; tant pis pour moi, pour moi qui vous loge si mal ; j’aviserai à cela. Voyons, mon enfant, donnez votre main à M. Louis, mon chirurgien, et prenez garde : c’est un philosophe qui devine, en même temps que c’est un savant qui voit.

Andrée, souriante, tendit sa main au docteur.

Celui-ci, homme jeune encore et dont la physionomie intelligente tenait tout ce que la dauphine avait promis pour lui, n’avait point cessé, depuis son entrée dans la chambre, de considérer la malade d’abord, puis la localité, puis cette étrange figure de père qui n’annonçait que la gêne, et pas du tout l’inquiétude.

Le savant allait voir, le philosophe avait peut-être déjà deviné. Le docteur Louis étudia longtemps le pouls de la jeune fille, et l’interrogea sur ce qu’elle ressentait.

— Un profond dégoût pour toute nourriture, répondit Andrée ; des tiraillements subits, des chaleurs qui montent tout à coup à la tête, des spasmes, des palpitations, des défaillances.

À mesure qu’Andrée parlait, le docteur s’assombrissait de plus en plus. Il finit par abandonner la main de la jeune fille et par détourner les yeux.

— Eh bien, docteur, dit la princesse au médecin, quid ? comme disent les consultants. L’enfant est-elle menacée, et la condamnez-vous à mort ?