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Page:Dumas - Joseph Balsamo, Lévy frères, 1872, volume 5.djvu/135

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— Bien malade ! ma sœur ! bien malade ! s’écria Philippe avec explosion ; bien malade, ma sœur ! bien malade ! et tu ne me dis pas cela tout de suite !

Et aussitôt, quittant le pas mesuré pour prendre le pas de course :

— Qu’a-t-elle, mon Dieu ? demanda-t-il.

— Dame ! dit Gilbert, on ne sait.

— Mais enfin ?

— Seulement elle s’est évanouie trois fois aujourd’hui en plein parterre, et même, à l’heure qu’il est, le médecin de madame la dauphine l’a déjà visitée, M. le baron aussi.

Philippe n’en entendit pas davantage ; ses pressentiments s’étaient réalisé, et en face du danger réel il avait retrouvé tout son courage.

Il laissa son cheval aux mains de Gilbert, et courut à toutes jambes vers le bâtiment des communs.

Quant à Gilbert, demeuré seul, il conduisit précipitamment le cheval aux écuries, et s’enfuit comme ces oiseaux sauvages ou malfaisants qui ne veulent jamais rester à la portée de l’homme.


CXLI

LE FRÈRE ET LA SŒUR.


Philippe trouva sa sœur couchée sur le petit sofa dont nous avons déjà eu occasion de parler.

En entrant dans l’antichambre, le jeune homme remarqua qu’Andrée avait soigneusement écarté toutes les fleurs, elle qui les aimait tant ; car, depuis son malaise, le parfum des fleurs lui causait des douleurs insupportables, et elle rapportait à cette irritation des fibres cérébrales toutes les indispositions qui s’étaient succédé depuis quinze jours.

Au moment où Philippe entra, Andrée rêvait ; son beau front chargé d’un nuage penchait lourdement, et ses yeux