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Page:Dumas - Joseph Balsamo, Lévy frères, 1872, volume 5.djvu/151

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— Mon Dieu ! mon frère, demanda Andrée, je suis donc bien malade ?

— Pourquoi ? demanda Philippe.

— Parce que la consultation du docteur Louis vous aura effrayé.

— Non, ma sœur, dit Philippe ; le docteur n’est pas inquiet, et vous m’avez dit la vérité. J’ai même eu grand-peine à le déterminer à revenir.

— Ah ! il revient ? dit Andrée.

— Oui, il revient ; cela ne vous contrarie pas, Andrée ?

Et Philippe plongea ses regards dans ceux de la jeune fille en prononçant ces paroles.

— Non, répondit-elle simplement, et pourvu que cette visite vous rassure un peu, voilà tout ce que je vous demande ; mais, en attendant, d’où vient cette affreuse pâleur qui me bouleverse ?

— Cela vous inquiète, Andrée ?

— Vous le demandez ?

— Vous m’aimez donc tendrement, Andrée ?

— Plaît-il ? fit la jeune fille.

— Je demande, Andrée, si vous m’aimez toujours comme au temps de notre jeunesse ?

— Oh ! Philippe ! Philippe !

— Ainsi, je suis pour vous une des plus précieuses têtes que vous ayez sur la terre ?

— Oh ! la plus précieuse, la seule ! s’écria Andrée.

Puis, rougissante et confuse :

— Excusez-moi, Philippe, dit-elle, j’oubliais…

— Notre père, n’est-ce pas, Andrée ?

— Oui.

Philippe prit la main de sa sœur, et la regardant tendrement :

— Andrée, dit-il, ne croyez point que je vous blâmasse jamais si votre cœur renfermait une affection qui ne fût ni l’amour que vous portez à votre père, ni celui que vous avez pour moi…

Puis, s’appuyant près d’elle, il continua :