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Page:Dumas - Joseph Balsamo, Lévy frères, 1872, volume 5.djvu/190

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Adoptant cette idée, qui, par le désir qu’il avait de la mettre à exécution, avait peu à peu perdu tous ses dangers, il courut au carrosse.

— Oui, monsieur, dit-il, vous aviez raison, il est inutile d’attendre plus longtemps. Venez, venez…

Mais il fallut qu’il renouvelât cet avertissement ; à la seconde fois seulement, Balsamo se débarrassa de son manteau dans lequel il était enveloppé, ferma sa houppelande sombre à boutons d’acier bruni, et sortit du carrosse.

Philippe prit un sentier qui le conduisit à la grille du parc, avec toute l’économie des diagonales.

— Marchons vite, dit-il à Balsamo.

Et son pas devint en effet si rapide, que Balsamo eut peine à le suivre.

La grille s’ouvrit, Philippe donna son explication au suisse, les deux hommes passèrent.

Lorsque la grille fut refermée sur eux, Philippe s’arrêta encore une fois.

— Monsieur, lui dit-il, un dernier mot… Nous voici au terme ; je ne sais quelle question vous allez poser à ma sœur ; épargnez-lui au moins le détail de l’horrible scène qui a pu se passer durant son sommeil. Épargnez la pureté de l’âme, puisque c’en est fait de la virginité du corps.

— Monsieur, répondit Balsamo, écoutez bien ceci : je ne suis jamais entré dans le parc plus loin que ces futaies que vous voyez là-bas, en face des bâtiments où loge votre sœur. Je n’ai, par conséquent, jamais pénétré dans la chambre de mademoiselle de Taverney, comme j’ai déjà eu l’honneur de vous le dire. Quant à la scène dont vous redoutez l’effet sur l’esprit de mademoiselle votre sœur, cet effet ne se produira que pour vous, et sur une personne endormie, attendu que dès à présent, dès ce pas que je fais, je vais ordonner à mademoiselle votre sœur de tomber dans le sommeil magnétique.

Balsamo fit une halte, croisa ses bras, se tourna vers le pavillon qu’habitait Andrée, et demeura un instant immobile,