Page:Dumas - Joseph Balsamo, Lévy frères, 1872, volume 5.djvu/209

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— Dans vingt-quatre heures, vous aurez ma réponse.

— Oh ! merci, docteur, vous êtes un dieu pour moi.

— Eh bien, jeune homme, maintenant que tout est convenu entre nous, accomplissez votre mission, retournez vers votre sœur, consolez-la, protégez-la.

— Adieu, docteur, adieu !

Et le docteur, après avoir suivi Philippe des yeux jusqu’à ce que le jeune homme eût disparu, reprit sa promenade, ses épreuves et l’épuration de son petit jardin.


CL

LE PÈRE ET LE FILS.


Lorsque Philippe revint près de sa sœur, il la trouva bien agitée, bien inquiète.

— Ami, lui dit-elle, j’ai pensé en votre absence à tout ce qui m’est arrivé depuis quelque temps. C’est un abîme où va s’engloutir tout ce qui me reste de raison. Voyons, vous avez vu le docteur Louis ?

— J’arrive de chez lui, Andrée.

— Cet homme a porté contre moi une accusation terrible : est-elle juste ?

— Il ne s’était pas trompé, ma sœur.

Andrée pâlit, et un accès nerveux crispa ses doigts si effilés, si blancs.

— Le nom, dit-elle alors, le nom du lâche qui m’a perdue ?

— Ma sœur, Vous devez l’ignorer éternellement.

— Oh ! Philippe, vous ne dites pas la vérité ; Philippe, vous mentez à votre propre conscience… Ce nom, il faut que je le sache, afin que, toute faible que je suis, et n’ayant pour moi que la prière, je puisse, en priant, armer contre le criminel toute la colère de Dieu… Le nom de cet homme, Philippe.