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Page:Dumas - Joseph Balsamo, Lévy frères, 1872, volume 5.djvu/232

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— Oui ; maintenant, monsieur Rousseau, quand on ne sait pas l’adresse de quelqu’un à Paris, est-il possible de se la procurer ?

— Sans doute, quand cette personne est connue.

— Celle dont je veux parler est fort connue.

— Son nom ?

— M. le comte Joseph de Balsamo.

Rousseau frissonna ; il n’avait pas oublié la séance de la rue Plâtrière.

— Que voulez-vous à cet homme ? demanda-t-il.

— Une chose toute simple. Je vous avais accusé, vous, mon maître, d’être moralement la cause de mon crime, puisque je croyais n’avoir obéi qu’à la loi naturelle.

— Et je vous ai détrompé ? s’écria Rousseau tremblant à l’idée de cette responsabilité.

— Vous m’avez éclairé, du moins.

— Eh bien, que voulez-vous dire ?

— Que mon crime a non seulement eu une cause morale, mais une cause physique.

— Et ce comte de Balsamo est la cause physique, n’est-ce pas ?

— Oui. J’ai copié des exemples, j’ai saisi une occasion, et, en cela, je le reconnais maintenant, j’ai agi en animal sauvage, et non en homme. L’exemple, c’est vous ; l’occasion, c’est M. le comte de Balsamo. Où demeure-t-il, le savez-vous ?

— Oui.

— Donnez-moi son adresse, alors.

— Rue Saint-Claude, au Marais.

— Merci, je vais chez lui de ce pas.

— Prenez garde, mon enfant, s’écria Rousseau en le retenant, c’est un homme puissant et profond.

— Ne craignez rien, monsieur Rousseau, je suis résolu, et vous m’avez appris à me posséder.

— Vite, vite, montez là-haut, s’écria Rousseau, j’entends se fermer la porte de l’allée ; c’est sans doute madame Rousseau qui rentre ; cachez-vous dans ce grenier jusqu’à ce qu’elle soit revenue ici, ensuite vous sortirez.