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Page:Dumas - Joseph Balsamo, Lévy frères, 1872, volume 5.djvu/40

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autre pensée que celle qui torturait Althotas, il baissa la trappe pour descendre sans remarquer que l’œil ironique du vieillard le suivait presque aussi loin qu’allaient son esprit et son cœur.

Althotas souriait encore comme un mauvais génie, lorsque Balsamo se retrouva en face de Lorenza toujours endormie.


CXXVIII

LUTTE.


Là, Balsamo s’arrêta, le cœur gonflé de douloureuses pensées.

Nous disons douloureuses, et non plus violentes.

La scène qui avait eu lieu entre lui et Althotas, en lui faisant envisager peut-être le néant des choses humaines, avait chassé hors de lui toute colère. H en était à se rappeler ce procédé du philosophe qui récitait l’alphabet grec en entier avant d’écouter la voix de cette noire divinité conseillère d’Achille.

Après un instant de froide et muette contemplation devant ce canapé où était couchée Lorenza :

— Me voici, se dit-il, triste, mais résolu et envisageant nettement ma situation ; Lorenza me hait ; Lorenza m’a menacé de me trahir, et elle m’a trahi ; mon secret ne m’appartient plus, je l’ai laissé aux mains de cette femme, qui le jette au vent ; je ressemble au renard qui, du piège aux dents d’acier, a retiré seulement l’os de sa jambe, mais qui y a laissé la chair et la peau, de manière que le chasseur peut dire le lendemain : « Le renard a été pris ici, je le reconnaîtrai mort ou vif. »

« Et ce malheur inouï, ce malheur qu’Althotas ne peut comprendre, et que, pour cette raison, je ne lui ai pas même raconté ;