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Page:Dumas - Joseph Balsamo, Lévy frères, 1872, volume 5.djvu/47

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femme, lui répondait Balsamo ; lis, lis dans mon cœur, chère Lorenza.

— Non, disait celle-ci en secouant la tête, non, je le sais bien ; mais tu partages ta pensée entre nous deux, comme au temps où Lorenza Feliciani te tourmentait, cette méchante Lorenza qui dort et que tu ne veux plus réveiller.

— Non, mon amour, non, s’écriait Balsamo ; je ne pense qu’à toi, avec le cœur, du moins ; vois un peu si je n’ai pas tout oublié, si depuis notre bonheur je n’ai pas tout négligé : études, politique, travaux.

— Et tu as tort, dit Lorenza ; car dans ces travaux je puis t’aider, moi.

— Comment ?

— Oui, ne t’enfermais-tu pas autrefois dans ton laboratoire des heures entières ?

— Certes, mais je renonce à tous ces vains essais ; ce seraient autant d’heures retranchées de mon existence, car pendant ce temps je ne te verrais pas.

— Et pourquoi ne te suivrais-je pas dans tes travaux comme dans ton amour ? pourquoi ne te ferais-je pas puissant comme je te fais heureux ?

— Parce que ma Lorenza est belle, c’est vrai, mais que ma Lorenza n’a pas étudié. Dieu donne la beauté et l’amour, mais l’étude seule donne la science.

— L’âme sait toute chose.

— C’est donc bien réellement avec les yeux de l’âme que tu vois ?

— Oui.

— Et tu peux me guider, dis-tu, dans cette grande recherche de la pierre philosophale ?

— Je le crois.

— Viens alors.

El Balsamo, entourant de son bras la taille de la jeune femme, la conduisit dans son laboratoire.

Le fourneau gigantesque, que nul n’avait entretenu depuis quatre jours, était éteint.

Les creusets étaient refroidis sur leurs réchauds.