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Page:Dumas - Joseph Balsamo, Lévy frères, 1872, volume 5.djvu/84

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moyens occultes à l’aide desquels certains associés entendent servir la cause, même lorsque ces moyens auraient une apparence de trahison ou d’imprudence. »

Balsamo parut approuver cette assertion, mais par un geste si peu marqué, que, sans son immobilité passée, le geste eût paru insensible.

— Cette femme parvint jusqu’au lieutenant de police, dit le président ; cette femme donna le coffret et tout fut découvert. Est-ce vrai ?

— Parfaitement vrai.

Le président se leva.

— Qu’était cette femme ? s’écria-t-il ; belle, passionnée, dévouée à toi corps et âme, tendrement aimée de toi ; aussi spirituelle, aussi adroite, aussi souple qu’un des anges des ténèbres qui aident l’homme à réussir dans le mal ; Lorenza Feliciani est ta femme, Balsamo !

Balsamo laissa échapper un rugissement de désespoir.

— Tu es convaincu, dit le président.

— Concluez, dit Balsamo.

— Je n’ai pas encore achevé. Un quart d’heure après son entrée chez le lieutenant de police, tu y entras toi-même. Elle avait semé la trahison, tu venais récolter la récompense. Elle avait pris sur elle, en obéissante servante, la perpétration du crime ; tu venais, toi, élégamment donner un dernier tour à l’œuvre infâme. Lorenza ressortit seule. Tu la reniais sans doute, et tu ne voulais pas être compromis en l’accompagnant ; toi, tu sortis triomphant, avec madame du Barry, appelée là pour recueillir de ta bouche les indices que tu voulais te faire payer… Tu es monté dans le carrosse de cette prostituée, comme le batelier dans le bateau avec la pécheresse Marie l’Égyptienne ; tu laissais les notes qui nous perdaient chez M. de Sartine, mais tu emportais le coffret qui pouvait te perdre près de nous. Heureusement nous avons vu ! la lumière de Dieu ne nous manque pas dans les bonnes occasions…

Balsamo s’inclina sans rien dire.

— Maintenant je puis conclure, ajouta le président. Deux