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Page:Dumas - Joseph Balsamo, Lévy frères, 1872, volume 5.djvu/87

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CXXXIV

L’HOMME ET DIEU.


Tandis que la scène terrible que nous venons de raconter s’accomplissait entre Balsamo et les cinq maîtres, rien n’était changé en apparence dans le reste de la maison ; seulement le vieillard avait vu Balsamo rentrer chez lui et emporter le cadavre de Lorenza, et cette nouvelle démonstration l’avait rappelé au sentiment de tout ce qui se passait autour de lui.

Seulement, en voyant Balsamo charger sur ses épaules le corps et redescendre avec lui dans les étages inférieurs, il crut que c’était le dernier, l’éternel adieu de cet homme dont il avait brisé le cœur, et la peur le prit d’un abandon qui, pour lui, pour lui surtout qui avait tout fait pour ne pas mourir, doublait les horreurs de la mort.

Ne sachant pas dans quel but Balsamo s’éloignait, ne sachant pas où il était allé, il commença à appeler :

— Acharat ! Acharat !

C’était son nom d’enfant : il espérait que c’était celui qui aurait conservé le plus d’influence sur l’homme.

Balsamo cependant descendait toujours ; une fois descendu, il ne songea pas même à faire remonter la trappe et se perdit dans les profondeurs du corridor.

— Ah ! s’écria Altholas, voilà donc ce que c’est que l’homme, animal aveugle et ingrat ; reviens, Acharat, reviens ; ah ! tu préfères le ridicule objet qu’on appelle une femme à la perfection de l’humanité que je représente ! tu préfères le fragment de la vie à l’immortalité !

« Mais non, s’écriait-il après un instant, non, le scélérat a trompé son maître, il a joué comme un vil brigand avec ma confiance ; il craignait de me voir vivre, moi qui le dépasse