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LA REINE MARGOT.

gagement lui abattit le poignet avec sa rapière. Le malheureux se recula en hurlant.

— Et d’un ! dit Coconnas.

Au même instant, la fenêtre sous laquelle Coconnas avait cherché un abri s’ouvrit en grinçant. Coconnas fit un soubresaut, craignant une attaque de ce côté ; mais, au lieu d’un ennemi, ce fut une femme qu’il aperçut ; au lieu de l’arme meurtrière qu’il s’apprêtait à combattre, ce fut un bouquet qui tomba à ses pieds.

— Tiens ! une femme ! dit-il.

Il salua la dame de son épée et se baissa pour ramasser le bouquet.

— Prenez garde, brave catholique, prenez garde, s’écria la dame.

Coconnas se releva, mais pas si rapidement que le poignard du second neveu ne fendît son manteau et n’entamât l’autre épaule.

La dame jeta un cri perçant.

Coconnas la remercia et la rassura d’un même geste, s’élança sur le second neveu, qui rompit ; mais au second appel son pied de derrière glissa dans le sang. Coconnas s’élança sur lui avec la rapidité du chat-tigre, et lui traversa la poitrine de son épée.

— Bien, bien, brave cavalier ! cria la dame de l’hôtel de Guise, bien ! je vous envoie du secours.

— Ce n’est point la peine de vous déranger pour cela, Madame ! dit Coconnas. Regardez plutôt jusqu’au bout, si la chose vous intéresse, et vous allez voir comment le comte Annibal de Coconnas accommode les huguenots.

En ce moment le fils du vieux Mercandon tira presque à bout portant un coup de pistolet à Coconnas, qui tomba sur un genou.

La dame de la fenêtre poussa un cri, mais Coconnas se releva ; il ne s’était agenouillé que pour éviter la balle, qui alla trouer le mur à deux pieds de la belle spectatrice.

Presque en même temps, de la fenêtre du logis de Mercandon partit un cri de rage, et une vieille femme, qui à sa croix et à son écharpe blanche reconnut Coconnas pour un catholique, lui lança un pot de fleurs qui l’atteignit au-dessus du genou.