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LA REINE MARGOT.

qu’en passant devant un soldat suisse, en sentinelle à la porte, ce soldat lui présenta les armes en disant :

— Dieu garde Sa Majesté le roi de Navarre !

À ce souhait, et surtout à l’accent de la voix qui venait de l’émettre, le Béarnais tressaillit.

Il se retourna et fit un pas en arrière.

— De Mouy ! murmura-t-il.

— Oui, sire, de Mouy.

— Que venez-vous faire ici ?

— Je vous cherche.

— Que me voulez-vous ?

— Il faut que je parle à Votre Majesté.

— Malheureux, dit le roi en se rapprochant de lui, ne sais-tu pas que tu risques ta tête ?

— Je le sais.

— Eh bien ?

— Eh bien, me voilà.

Henri pâlit légèrement, car ce danger que courait l’ardent jeune homme, il comprit qu’il le partageait. Il regarda donc avec inquiétude autour de lui, et se recula une seconde fois, non moins vivement que la première.

Il venait d’apercevoir le duc d’Alençon à une fenêtre.

Changeant aussitôt d’allure, Henri prit le mousquet des mains de de Mouy, placé, comme nous l’avons dit, en sentinelle, et tout en ayant l’air de l’examiner :

— De Mouy, lui dit-il, ce n’est pas certainement sans un motif bien puissant que vous êtes venu ainsi vous jeter dans la gueule du loup ?

— Non, sire. Aussi voilà huit jours que je vous guette. Hier seulement, j’ai appris que Votre Majesté devait essayer ce cheval ce matin et j’ai pris poste à la porte du Louvre.

— Mais comment sous ce costume ?

— Le capitaine de la compagnie est protestant et de mes amis.

— Voici votre mousquet, remettez-vous à votre faction. On nous examine. En repassant, je tâcherai de vous dire un mot ; mais si je ne vous parle point, ne m’arrêtez point. Adieu.

De Mouy reprit sa marche mesurée, et Henri s’avança vers le cheval.

— Qu’est-ce que ce joli petit animal ? demanda le duc d’Alençon de sa fenêtre.