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LA REINE MARGOT.

dicis s’élança pour le rejoindre ; mais la porte était refermée, et elle ne put que glisser son museau allongé sous la tapisserie en poussant un hurlement lugubre et prolongé.

— Maintenant, Charlotte, dit Catherine à madame de Sauve, va chercher M. de Guise et Tavannes, qui sont dans mon oratoire, et reviens avec eux pour tenir compagnie à la duchesse de Lorraine qui a ses vapeurs.




VII

la nuit du 24 août 1572.


Lorsque La Mole et Coconnas eurent achevé leur maigre souper ; car les volailles de l’hôtellerie de la Belle-Étoile ne flambaient que sur l’enseigne, Coconnas fit pivoter sa chaise sur un de ses quatre pieds, étendit les jambes, appuya son coude sur la table, et dégustant un dernier verre de vin :

— Est-ce que vous allez vous coucher incontinent, monsieur de La Mole ? demanda-t-il.

— Ma foi ! j’en aurais grande envie, Monsieur, car il est possible qu’on vienne me réveiller dans la nuit.

— Et moi aussi, dit Coconnas ; mais il me semble, en ce cas, qu’au lieu de nous coucher et de faire attendre ceux qui doivent nous envoyer chercher, nous ferions mieux de demander des cartes et de jouer. Cela fait qu’on nous trouverait tout préparés.

— J’accepterais volontiers la proposition, Monsieur ; mais pour jouer je possède bien peu d’argent ; à peine si j’ai cent écus d’or dans ma valise ; et encore, c’est tout mon trésor. Maintenant, c’est à moi de faire fortune avec cela.

— Cent écus d’or ! s’écria Coconnas, et vous vous plaignez ! Mordi ! mais moi, Monsieur, je n’en ai que six.

— Allons donc, reprit La Mole, je vous ai vu tirer de votre poche une bourse qui m’a paru non-seulement fort ronde, mais on pourrait même dire quelque peu boursouflée.

— Ah ! ceci, dit Coconnas, c’est pour éteindre une an-