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LA REINE MARGOT.

— M. de Besme ?

— Justement. C’est donc pour cela que M. de Besme me disait d’accourir au premier coup de tocsin ?

— Vous avez donc vu M. de Besme ?

— Je l’ai vu et je lui ai parlé.

— Où cela ?

— Au Louvre. C’est lui qui m’a fait entrer, qui m’a donné le mot d’ordre, qui m’a…

— Regardez.

— Mordi ! c’est lui-même.

— Voulez-vous lui parler ?

— Sur mon âme ! je n’en serais pas fâché.

Maurevel ouvrit doucement la fenêtre. Besme, en effet, passait avec une vingtaine d’hommes.

Guise et Lorraine ! dit Maurevel.

Besme se retourna, et, comprenant que c’était à lui qu’on avait affaire, il s’approcha.

— Ah ! ah ! c’être fous, monsir de Maurefel.

— Oui, c’est moi ; que cherchez-vous ?

— J’y cherche l’auperge de la Belle-Étoile, pour brévenir un certain monsir Gogonnas.

— Me voici, monsieur de Besme ! dit le jeune homme.

— Ah ! pon, ah ! pien… Vous êtes brêt ?

— Oui. Que faut-il faire ?

— Ce que vous tira monsir de Maurefel. C’être un bon gatholique.

— Vous l’entendez ? dit Maurevel.

— Oui, répondit Coconnas. Mais vous, monsieur de Besme, où allez-vous ?

— Moi ? dit de Besme en riant…

— Oui, vous ?

— Moi, je fas tire un betit mot à l’amiral.

— Dites-lui-en deux, s’il le faut, dit Maurevel, et que cette fois, s’il se relève du premier, il ne se relève pas du second.

— Soyez dranguille, monsir de Maurefel, soyez dranguille, et tressez-moi pien ce cheune homme-là.

— Oui, oui, n’ayez pas de crainte, les Coconnas sont de fins limiers, et bons chiens chassent de race.

— Atieu !

— Allez.