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Page:Dumas - La salle d'armes 2 Pascal Bruno, Dumont, 1838.djvu/119

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LA SALLE D’ARMES.

rage du général ! il s’élança hors du corridor et sortit du château en courant comme un insensé.

Alors le roi marcha vers la cour ; tout était prêt pour l’exécution. Neuf hommes et un caporal étaient rangés en ligne devant la porte de la chambre du conseil ; devant eux était un mur de douze pieds de haut ; trois pas avant ce mur était un seuil d’un seul degré : Murat alla se placer sur cet escalier, qui lui faisait dominer d’un pied à peu près les soldats chargés de son exécution. Arrivé là, il tira sa montre, baisa le portrait de sa femme, et, les yeux fixés sur lui, il commanda la charge des armes. Au mot feu, cinq des neuf hommes tirèrent : Murat resta debout. Les soldats avaient eu honte de tirer sur leur roi, ils avaient visé au-dessus de sa tête.

Ce fut peut-être en ce moment qu’éclata le plus magnifiquement ce courage de lion, qui était la vertu particulière de Murat ; pas un trait de son visage ne s’altéra, pas un muscle de son corps ne faiblit ; seulement re-