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Page:Dumas - La salle d'armes 2 Pascal Bruno, Dumont, 1838.djvu/150

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autre pensée que celle de se voir, et peu à peu elle tomba dans une rêverie profonde et pleine d’extase ; car, en même temps que son visage, et comme un fond à cette tête d’ange, la glace qui était placée devant la fenêtre restée ouverte réfléchissait le ciel : et Gemma, sans but, sans motif, se berçant dans un bonheur vague et infini, s’amusait à compter dans cette glace les étoiles qui apparaissaient chacune à son tour, et à leur donner des noms au fur et à mesure qu’elles pointaient dans l’éther. Tout-à-coup il lui sembla qu’une ombre surgissante se plaçait devant ces étoiles, et qu’une figure se dessinait derrière elle : elle se retourna vivement, un homme était debout sur sa fenêtre. Gemma se leva et ouvrit la bouche pour jeter un cri ; mais l’inconnu, s’élançant dans la chambre, joignit les deux mains, et d’une voix suppliante : — Au nom du ciel, lui dit-il, n’appelez pas, madame, car, sur mon honneur, vous n’avez rien à craindre, et je ne veux pas vous faire de mal !…