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Page:Dumas - La salle d'armes 2 Pascal Bruno, Dumont, 1838.djvu/195

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invités ; il en était venu de deux ou trois lieues à la ronde, de Montreale, de Capaci et de Favarotta ; et parmi toutes ces jeunes paysannes qui avaient fait assaut de coquetterie villageoise, on reconnaissait celles de Piana de Greci à leur costume moraïte, qu’elles ont religieusement conservé, quoique la colonie qui le leur a légué et qui le tenait de ses pères ait quitté depuis douze cents ans la terre natale pour une nouvelle patrie.

Des tables étaient dressées sur une esplanade ombragée par des chênes verts et des pins parasols, embaumée par les orangers et les citronniers, et ceinte par des haies de grenadiers et de figuiers d’Inde, double bienfait de la Providence, qui, pensant à la faim et à la soif du pauvre, a semé ces arbres comme une manne sur toute l’étendue de la Sicile. On arrivait a cette esplanade par un chemin bordé d’aloës, dont les fleurs géantes, qui semblent de loin des lances de cavaliers arabes, renferment un fil plus brillant et plus solide que celui du chanvre et du lin ; et tandis qu’au midi la vue était bornée par le palais, au-dessus