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Page:Dumas - La salle d'armes 2 Pascal Bruno, Dumont, 1838.djvu/209

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ce qui est né en bas, et où l’âme n’a pas d’ailes pour soulever le corps, un esprit élevé devient un malheur pour une naissance obscure ; comme il tend toujours à sortir du cercle politique et intellectuel où le hasard l’a enfermé, comme il marche incessamment vers un but, dont mille obstacles le séparent, comme il voit sans cesse la lumière, et qu’il n’est point destiné à l’atteindre, il commence par espérer et finit par maudire. Alors il entre en révolte contre cette société pour laquelle Dieu a fait deux parts si aveugles, l’une de bonheur, l’autre de souffrances ; il réagit contre cette partialité céleste et s’établit de sa propre autorité le défenseur du faible et l’ennemi du puissant. Voilà pourquoi le bandit espagnol et italien est à la fois si poétique et si populaire : c’est que d’abord c’est presque toujours quelque grande douleur qui l’a jeté hors de la voie ; c’est qu’ensuite son poignard et sa carabine tendent à rétablir l’équilibre divin, faussé par les institutions humaines.

On ne s’étonnera donc pas qu’avec ses antécédens de famille, son caractère aventureux,