Aller au contenu

Page:Dumas - La salle d'armes 2 Pascal Bruno, Dumont, 1838.djvu/71

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
62
LA SALLE D’ARMES.

mençait à tourner sur lui-même. En ce moment, deux ou trois câbles, jetés de la balancelle, tombèrent dans la barque ; le roi en saisit un, s’élança et saisit l’échelle de corde : il était sauvé. Blancard et Langlade en firent autant presque aussitôt ; Donadieu resta le dernier, comme c’était son devoir de le faire, et au moment où il mettait un pied sur l’échelle du bord, il sentit sous l’autre s’enfoncer la barque qu’il quittait ; il se retourna avec la tranquillité d’un marin, vit le gouffre ouvrir sa vaste gueule au-dessous de lui, et aussitôt la barque dévorée tournoya et disparut. Cinq secondes encore, et ces quatre hommes, qui maintenant étaient sauvés, étaient à tout jamais perdus[1] !…

Murat était à peine sur le pont qu’un homme vint se jeter à ses pieds : c’était un mameluk qu’il avait autrefois ramené d’Égypte, et qui s’était depuis marié à Castellamare ; des

  1. Ces détails sont populaires à Toulon, et m’ont été racontés vingt fois à moi-même pendant le double séjour que je fis en 1834 et 1835 dans cette ville ; quelques-uns de ceux qui me les rapportaient les tenaient de la bouche même de Langlade et de Donadieu.A. D.