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Page:Dumas - La salle d'armes 2 Pascal Bruno, Dumont, 1838.djvu/73

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LA SALLE D’ARMES.

prit terre à Bastia. Mais la précaution fut inutile ; trois jours après son arrivée personne n’ignorait plus sa présence dans cette ville. Des rassemblements se formèrent aussitôt, des cris de vive Joachim ! se firent entendre, et le roi, craignant de troubler la tranquillité publique, sortit le même soir de Bastia avec ses trois compagnons et son mameluk. Deux heures après il entrait à Viscovato et frappait à la porte du général Franchescetti, qui avait été à son service tout le temps de son règne, et qui, ayant quitté Naples en même temps que le roi, était revenu en Corse habiter avec sa femme la maison de M. Colona Cicaldi, son beau-père. Il était en train de souper lorsqu’on vint lui dire qu’un étranger demandait à lui parler : il sortit et trouva Murat enveloppé d’une capote militaire, la tête enfoncée dans un bonnet de marin, la barbe longue, et portant un pantalon, des guêtres et des souliers de soldat. Le général s’arrêta étonné ; Murat fixa sur lui son grand œil noir ; puis croisant les bras : Franchcscetti, lui dit-il, avez-vous à votre table une place pour votre général qui a faim ? avez-vous sous votre toit un asile pour votre roi qui est proscrit ?…