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Page:Dumas - Leçons sur la philosophie chimique, 1878.djvu/155

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LAVOISIER.

heures à la Chimie ; le milieu du jour, consacré aux affaires, il le passait à s’acquitter en homme de conscience des devoirs que sa charge lui imposait. Mais le dimanche, ce jour du repos, était pour lui un jour de bonheur complet ; il ne sortait pas de son laboratoire, et c’est là qu’avaient lieu ces réunions dont nos pères nous ont conservé le souvenir.

Le dimanche, il recevait avec une bienveillance sans pareille tous les jeunes gens qui, par leurs connaissances en Chimie, pouvaient profiter de sa conversation. Il attirait autour de lui tous les savants de son époque, français ou étrangers ; il y attirait tous les artistes dont le concours devenait chaque jour plus indispensable à l’accomplissement de ses expériences de précision. C’est dans ces conférences que les hommes les plus illustres sont venus tôt ou tard payer leur tribut d’admiration à Lavoisier. C’est là qu’après avoir écouté les discussions qui s’élevaient sur les points les plus délicats de la science avec une froideur qui pouvait sembler de l’indifférence, il les terminait presque toujours en émettant un avis auquel chacun venait se ranger. Mais aussi chez lequel de ses contemporains aurait-on trouvé comme en lui tant de qualités réunies : le calme de la pensée, l’esprit logique, l’imagination brillante et réglée, et, sur toutes choses, l’art d’expérimenter poussé à un degré qui n’a pas été surpassé depuis ?