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Page:Dumas - Leçons sur la philosophie chimique, 1878.djvu/163

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LAVOISIER.

arrive là comme en passant et sous la forme du doute. En parcourant la suite des Ouvrages de Lavoisier, on voit que ce phlogistique dont il a si peu parlé, il n’en est plus question : il ne l’admet ni ne le rejette ; il n’en parle plus. Pendant sept, huit, dix ans, il raisonne comme si jamais on n’avait parlé de phlogistique. On dirait (et il y a bien quelque chose de semblable) qu’il ne veut de querelle directe avec personne à ce sujet ; il veut que sa théorie s’établisse sur des faits et non sur les discussions d’une polémique, où il arrive si souvent que l’esprit l’emporte sur la raison, et où les deux adversaires laissent toujours quelque chose de cette paix du cœur dont rien ne dédommage, quand on l’a perdue.

Ainsi, en continuant à raisonner comme s’il n’y avait pas de phlogistique, il ramasse des faits observés avec un soin infini ; il prouve qu’ils peuvent s’expliquer sans l’intervention de cet agent. Ce ne sont pas des faits pris au hasard qu’il examine, mais les faits les plus importants de la science, ceux dont l’explication entraîne et comprend celle de tous les autres. Ce n’est qu’au bout de dix ans, quand tous ces faits sont analysés, lorsque ses idées sont sorties victorieuses de tant d’épreuves et de si rudes épreuves ; ce n’est qu’au bout de dix ans, lorsque les vues de son génie sont transformées en