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Page:Dumas - Leçons sur la philosophie chimique, 1878.djvu/168

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PHILOSOPHIE CHIMIQUE.

qu’il aurait pu soutenir avec tant de supériorité ; il se contentait d’observer des faits, de les raconter dans son style simple et grave, et il les laissait répondre pour lui.

Le rôle de l’oxygène comme acidificateur, déjà clairement indiqué dans la production des acides du soufre et du phosphore, ne fut pourtant bien établi par Lavoisier que par une discussion savante de la nature des composés nitreux. Ici il emploie un certain ensemble de faits, qui, comme il le remarque lui-même, ont tous été observés par Priestley ; mais, tandis que Priestley n’en avait tiré aucune théorie, Lavoisier en fait sortir une théorie parfaite.

Quand on met en contact l’acide nitrique et le mercure, il se dégage du gaz nitreux, et il se forme un sel qui, fortement chauffé, se convertit en mercure et en oxygène. Comme le mercure sort de cette expérience tel qu’il y était entré, on peut dire que c’est en perdant de l’oxygène que l’acide nitrique agit sur le mercure et se change en gaz nitreux. Lavoisier s’assure en effet que le gaz nitreux, à son tour, se transforme en vapeur rouge en s’unissant à l’oxygène, et que la vapeur rouge, unie à une nouvelle portion d’oxygène, représente l’acide nitrique ordinaire. Comme on voit, le rôle acidificateur de l’oxygène est établi ici indépendamment de la con-