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Page:Dumas - Leçons sur la philosophie chimique, 1878.djvu/466

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PHILOSOPHIE CHIMIQUE.

miques à diverses époques, et l’histoire m’a montré que toutes les grandes théories de cette science exigeaient un certain temps, presque déterminé, pour naître, se développer et disparaître du champ de la discussion. Si l’on compare les temps qui se sont écoulés entre l’apparition de chacune d’elles et leur admission définitive, on arrive à ce résultat singulier qu’en général un laps d’environ dix ans est nécessaire et suffisant pour leur établissement complet dans la Science. Je parle seulement, bien entendu, de ce qui s’est passé depuis l’époque où les chimistes sont en grand nombre, et ont entre eux, par le moyen des recueils scientifiques, des communications faciles qui leur permettent de coordonner leurs recherches. Ainsi généralement, au bout de dix ans, le jugement d’une grande théorie est porté en dernier ressort : c’est fini, c’est un fait accompli, c’est une idée passée dans la Science ou repoussée irrévocablement.

En voulez-vous quatre ou cinq exemples ? Voyez d’abord la grande théorie de Lavoisier. Elle naît en 1772 ; elle rencontre une opposition vigoureuse ; elle suscite où elle se rattache un grand nombre de travaux ; mais enfin les bases en sont entièrement posées vers 1782 ou 1783. C’est dans le cours de cette période que Priestley, Scheele et Lavoisier ont parcouru leur vaste et brillante carrière.