Page:Dumas - Le Capitaine Aréna.djvu/133

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brassa les uns après les autres, et, en les embrassant, leur donna à chacun rendez-vous à quinze jours de là, dans la montagne ; car, sans cette promesse peut-être, ces braves gens n’eussent-ils pas voulu le quitter. Puis, saisissant l’otage par le poignet pour qu’il n’essayât point de s’échapper, il le fit monter avec lui dans la chambre dont les fenêtres donnaient sur la montagne.

Bientôt les quatre compagnons de Bruno parurent : selon la promesse faite, ils sortaient armés et parfaitement libres. Les rangs des miliciens s’ouvrirent devant eux, et ils franchirent sans empêchement le cordon vivant qui enfermait la petite forteresse ; puis ils continuèrent à s’avancer vers la montagne. Bientôt ils s’enfoncèrent dans un petits bois d’oliviers qui s’étendait entre le château et la première colline de la chaîne des monts Pelore ; puis ils reparurent gravissant cette colline, puis enfin ils arrivèrent à son sommet. Là, tous quatre, les bras enlacés, se retournèrent vers Pascal, qui les avait suivis d’un long regard, et lui firent un signe avec leurs chapeaux. Pascal répondit à ce signe avec son mouchoir. Ce dernier adieu échangé, tous quatre prirent leur course et disparurent de l’autre côté de la colline.

Alors Pascal lâcha le bras de son otage, qu’il avait fortement serré jusque-là, et se retournant vers lui :

— Tenez, lui dit-il, vous êtes un brave ; j’aime mieux que ce soit vous qui héritiez de moi que la justice. Voici ma bourse, prenez-la ; il y a dedans trois cent quinze onces. Maintenant je suis à vos ordres.

Le capitaine ne se fit pas prier ; il mit la bourse dans sa poche, et demanda à Pascal s’il n’avait pas quelque dernière recommandation à lui faire.

— Non, dit Pascal, sinon que je voudrais que mes quatre pauvres chiens fussent bien placés. Ce sont de bonnes et nobles bêtes, qui rendront en services à leur maître bien au delà du pain qu’elles lui mangeront.

— Je m’en charge, dit le capitaine

— Eh bien ! voilà tout, répondit Pascal. Ah ! quant à ma chienne Lionna, je désire qu’elle reste avec moi jusqu’au moment de ma mort ; c’est ma favorite.

— C’est convenu, répondit le capitaine.