Page:Dumas - Le Capitaine Aréna.djvu/135

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ses crimes lui fussent remis, il fallait l’expiation de la honte. Il avait voulu échapper par orgueil à cette expiation. C’était un tort aux yeux du Seigneur.

Bruno frémit à l’idée de mourir sans absolution. Cet homme, auquel aucune puissance humaine n’eût pu faire baisser les yeux, tremblait comme un enfant devant la damnation éternelle.

Il demanda au prêtre ce qu’il fallait faire, et dit qu’il le ferait. Le prêtre appela aussitôt le geôlier, et lui ordonna d’aller chercher un médecin, et de le prévenir qu’il eût à prendre avec lui les contre-poisons les plus efficaces.

Le médecin accourut. Les contre-poisons, administrés à temps, eurent leur effet. A minuit, Pascal Bruno était hors de danger ; à minuit et demi, il recevait l’absolution.

Le lendemain, à huit heures du matin, il sortit de l’église de Saint-François-de-Sales, où il avait passé la nuit en chapelle ardente, pour se rendre a la place de la Marine, où l’exécution devait avoir lieu. La marche était accompagnée de tous les accessoires terribles des exécutions italiennes : Pascal Bruno était lié sur un âne marchant à reculons, précédé du bourreau et de son aide, suivi de la confrérie de pénitens qui portaient la bière où il devait reposer dans l’éternité, et accompagné d’hommes revêtus de longues robes trouées aux yeux seulement, tenant à la main une tirelire qu’ils agitaient comme une sonnette, et qu’ils présentaient pour recevoir l’aumône des fidèles, destinée à faire dire des messes pour le condamné.

L’encombrement était tel dans la rue del Cassero, que le condamné devait longer dans toute son étendue, que plus d’une fois le cortège fut forcé de s’arrêter. À chaque fois, Pascal étendait son regard calme sur toute cette foule qui, semant que ce n’était pas un homme ordinaire qui allait mourir, le suivait avec une curiosité croissante, mais pieuse, et sans qu’aucune insulte fût proférée contre le condamné ; au contraire, beaucoup de récits circulaient dans la foule, traits de courage ou de bonté attribués à Pascal, et dont les uns exaltaient les hommes, tandis que les autres attendrissaient les femmes.

À la place des Quatre-Cantons, comme le cortège subis-