Page:Dumas - Le Capitaine Aréna.djvu/239

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— Mais enfin, demanda Jadin, pourquoi avez-vous de la répugnance à nous donner des chambres ?

— Mais parce que d’un moment à l’autre le plancher peut tomber sur la tête de Leurs Excellences et les écraser.

— Le plancher tomber ! et pourquoi tomberait-il ?

— Mais à cause du tremblement de terre.

— Est-ce que vous croyez au tremblement de terre, vous ? me dit Jadin.

— Dame ! il me semble que nous en avons vu des traces.

— Mais non, c’est un tas de farceurs ; leurs maisons tombent parce qu’elles sont vieilles, et ils disent que c’est un tremblement de terre pour obtenir une indemnité du gouvernement. Mais l’hôtel est bâti à neuf ; il ne tombera pas.

— Est-ce votre avis ?

— Je le crois bien.

— Mon cher hôte, avez-vous des baignoires ?

— Oui.

— Vous pouvez nous donner à déjeuner.

— Oui.

— Vous possédez des draps blancs ?

— Oh ! oui, monsieur.

— En bien ! avec des promesses comme celles-là, nous ne quitterons pas l’hôtel, quand il devrait nous tomber sur la tête.

— Vous êtes les maîtres.

— Ainsi vous entendez : deux bains, deux déjeuners, deux lits : tout cela le plus tôt possible.

— Dame ! peut-être ferai-je attendre Leurs Excellences ; il faut trouver le cuisinier.

— Et pourquoi ce gaillard-là n’est-il pas à ses fourneaux ?

— Monsieur, il a eu peur, et il est aux baraques ; mais enfin, comme il y a moins de danger le jour que la nuit, peut-être consentira-t-il à venir à l’hôtel.

— S’il ne consent pas, prévenez-nous à l’instant même, et nous ferons notre cuisine nous-mêmes.

— Oh ! Excellences, je ne souffrirais jamais...

— Nous verrons tout cela après ; nos bains, notre déjeuner, nos lits d’abord.

— Je cours faire préparer tout cela. En attendant, Leurs