Page:Dumas - Le Capitaine Aréna.djvu/268

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baraques, et bravâmes-nous encore le futur tremblement de terre qui nous menaçait de minuit à une heure du matin.

Notre conrage fut récompensé : nous ne sentîmes aucune secousse, nous n’entendîmes même pas les cris de Terre moto ! et nous nous réveillâmes seulement le lendemain matin, tirés de notre sommeil par le son des cloches.

Nos lits avaient fait leurs évolutions ordinaires et se trouvaient au milieu de la chambre.

Comme je l’ai dit, il devait y avoir à Cosenza, deux jours après le prêche si pittoresque et si animé du capucin, une procession expiatoire dans le cas où les tremblemens de terre n’auraient pas cessé. Les tremblemens de terre allaient diminuant, il est vrai, mais ils ne s’arrêtaient pas encore ; et les capucins qui s’étaient faits les boucs émissaires de la ville pécheresse s’apprêtaient à tenir leur parole.

Aussi, dès sept heures du matin, les cloches sonnaient-elles à grande volée et les rues de la ville étaient-elles peuplées non-seulement de Cosentins, mais encore des malheureux paysans des provinces environnantes, qui avaient encore plus souffert que la capitale : chacun accourait pour prendre part à cette espèce de jubilé, et de tous les villages on avait eu le temps d’arriver : la promesse faite par les capucins avait attiré des fidèles.

Comme le garçon, préoccupé de ces grands préparatifs, ne venait pas prendre nos ordres, nous sonnâmes : il monta, et nous lui demandâmes s’il avait oublié que nous avions pris l’invariable habitude de déjeuner à neuf heures sonnantes. Il nous répondit que comme il y avait jeûne général dans la capitale des Calabres, il n’avait pas cru que les ordres donnés pour les autres jours dussent subsister pour celui-ci. Le raison ne nous parut pas extrêmement logique, et nous lui signifiâmes que, n’étant pas de la paroisse, et ayant assez de nos propres péchés, notre intention n’était nullement de prendre notre part de ceux des Cosentins ; qu’en conséquence nous l’invitions à ne faire aucune différence pour nous de ce jour aux autres jours, et à nous servir un déjeuner, non pas exorbitant, mais convenable.

Ce fut une grande affaire à débattre que ce déjeuner : le