Page:Dumas - Le Capitaine Aréna.djvu/278

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Il existe bien encore aux environs quelque chose comme un théâtre et comme un amphithéâtre, mais le tout si ruiné, si inappréciable, et je dirai presque si invisible, que ce n’est pas la peine d’en parler.

Quelques jours avant notre arrivée, la foudre, jalouse sans doute de son indestructibilité, était tombée sur le temple de Cérès ; mais elle y avait à peu près perdu son temps : tout ce qu’elle avait pu faire était de marquer son passage sur son front de granit en emportant quelques pierres de l’angle le plus aigu du fronton ; encore l’homme s’était-il mis à l’instant même à l’œuvre pour faire disparaître toute trace de la colère de Dieu, et l’éternelle Babel n’avait elle plus, à l’époque où nous la visitâmes, qu’une cicatrice qu’on reconnaissait à l’interruption de cette belle couleur feuille-morte qui dorait le reste du bâtiment.

Des paysans nous vendirent des pétrifications de fleurs et de nids d’oiseaux dont ils font un grand commerce, et que le fleuve, qui a conservé son ancienne vertu, leur fournit sans autre mise de fonds que celle de l’objet même qu’ils veulent convertir en pierre. Ce fleuve, qui contient une grande quantité de sel calcaire, s’appelait Silarus du temps des Romains, Silaro à l’époque du Tasse, et est appelé Sele aujourd’hui.

Il était décidé que partout où nous mettrions le pied, nous nous heurterions à quelque histoire de voleurs, sans jamais rencontrer les acteurs de ces formidables drames qui faisaient frémir ceux qui nous les racontaient. Un Anglais, nommé Hunt, se rendant avec sa femme de Salerne à Pestum, quelque temps avant la visite que nous y fîmes nous-mêmes, fut arrêté sur la route par des brigands qui lui demandèrent sa bourse. L’Anglais, voyant l’inutilité de faire aucune résistance, la leur donna ; et toutes choses, sauf cet emprunt forcé, allaient se passer amiablement, lorsque l’un des bandits aperçut une chaîne d’or au cou de l’Anglaise : il éten dit la main pour la prendre ; l’Anglais prit ce geste de convoitise pour un geste de luxure, et repoussa violemment le bandit, lequel riposta à cette bourrade par un coup de pistolet qui blessa mortellement monsieur Hunt.

Satisfaits de cette vengeance, et craignant surtout sans