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LE CAPITAINE ARÉNA.


sente l’Italie : ce sont les bas-reliefs en bronze des portes de l’église de San-Salvatore, et qui datent de 1087, époque où la république d’Amalfi était arrivée à son apogée. Ces portes, consacrées à saint Sébastien, furent commandées par Pantaleone Viaretta, pour le rachat de son âme : pro mercede animæ suæ. Je m’informai, mais inutilement, du crime qui avait mis l’âme du seigneur Pantaleone en état de péché mortel, on l’avait oublié, en songeant sans doute que, quel qu’il fût, il était dignement racheté.

Si populaire que soit en France le nom de Masaniello, grâce au poëme de Scribe, à la musique d’Auber et à la révolution de Belgique, on nous permettra, quand nous en serons là, de nous arrêter sur la place du Marché-Neuf à Naples, pour donner quelques détails, inconnus peut-être, sur ce héros des lazzaronis, roi pendant huit jours, insensé pendant quatre, massacré comme un chien, traîné aux gémonies comme un tyran, apothéosé comme un grand homme et révéré comme un saint.

Le château qui domine la ville, et dont nous avons déjà parlé, est un ancien fort romain, des ruines duquel on embrasse un panorama admirable. Nous y étions vers les trois heures de l’après-midi, lorsque, au-dessous de nous, nous vîmes notre speronare qui appareillait, et qui bientôt s’éloigna du rivage pour aller nous attendre à Naples. Nous échangeâmes des signaux avec le capitaine, qui, voyant flotter des mouchoirs au haut de la vieille tour que nous avions gravie à grand’peine, pensa qu’il n’y avait que nous qui fussions assez niais pour risquer notre cou dans une pareille ascension, et qui nous répondit de confiance. Nous fûmes aussi remarqués par Pietro, qui se mit aussitôt à danser une tarentelle à notre honneur. C’était la première fois que nous le voyions se livrer a cet exercice depuis l’échec qu’il avait éprouvé à San-Giovanni, le soir du fameux tremblement de terre.

Au reste, par une de ces singularités inexplicables qui se représentent si souvent dans des cas pareils, quoique les sources de ce cataclysme fussent, selon toute probabilité, dans les foyers souterrains du Vésuve et de l’Etna, Reggio, voisine de l’une de ces montagnes, et Salerne, voisine de l’au-