Aller au contenu

Page:Dumas - Le Comte de Monte-Cristo (1889) Tome 4.djvu/117

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

Il est vrai que ce n’est pas mon argent, mais le sien qu’elle joue. Cependant, n’importe, vous comprendrez que lorsque sept cent mille francs sortent de la poche de la femme, le mari s’en aperçoit toujours bien un peu. Comment ! vous ne saviez pas cela ? Mais la chose a fait un bruit énorme.

— Si fait, j’en avais entendu parler, mais j’ignorais les détails ; puis je suis on ne peut plus ignorant de toutes ces affaires de Bourse.

— Vous ne jouez donc pas ?

— Moi ! et comment voulez-vous que je joue ? Moi qui ai déjà tant de peine à régler mes revenus, je serais forcé, outre mon intendant, de prendre encore un commis et un garçon de caisse. Mais, à propos d’Espagne, il me semble que la baronne n’avait pas tout à fait rêvé l’histoire de la rentrée de don Carlos. Les journaux n’ont-ils pas dit quelque chose de cela ?

— Vous croyez donc aux journaux, vous ?

— Moi, pas le moins du monde ; mais il me semble que cet honnête Messager faisait exception à la règle, et qu’il n’annonçait que les nouvelles certaines, les nouvelles télégraphiques.

— Eh bien ! voilà ce qui est inexplicable, reprit Danglars ; c’est que cette rentrée de don Carlos était effectivement une nouvelle télégraphique.

— En sorte, dit Monte-Cristo, que c’est dix-sept cent mille francs à peu près que vous perdez ce mois-ci ?

— Il n’y a pas d’à peu près, c’est juste mon chiffre.

— Diable ! pour une fortune de troisième ordre, dit Monte-Cristo avec compassion, c’est un rude coup.

— De troisième ordre ! dit Danglars un peu humilié ; que diable entendez-vous par là ?

— Sans doute, continua Monte-Cristo, je fais trois