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Page:Dumas - Le Comte de Monte-Cristo (1889) Tome 4.djvu/121

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dit Monte-Cristo en haussant les épaules ; ce sont des pleutres que les Cavalcanti. Que veut-il qu’un jeune homme fasse avec cinq mille francs par mois ?

— Mais vous comprenez que si le jeune homme a besoin de quelque mille francs de plus…

— N’en faites rien, le père vous les laisserait pour votre compte ; vous ne connaissez pas tous les millionnaires ultramontains : ce sont de véritables harpagons. Et par qui lui est ouvert ce crédit ?

— Oh ! par la maison Fenzi, une des meilleures de Florence.

— Je ne veux pas dire que vous perdrez, tant s’en faut ; mais tenez-vous cependant dans les termes de la lettre.

— Vous n’auriez donc pas confiance dans ce Cavalcanti ?

— Moi ! je lui donnerais dix millions sur sa signature. Cela rentre dans les fortunes de second ordre, dont je vous parlais tout à l’heure, mon cher monsieur Danglars.

— Et avec cela comme il est simple ! Je l’aurais pris pour un major, rien de plus.

— Et vous lui eussiez fait honneur ; car, vous avez raison, il ne paye pas de mine. Quand je l’ai vu pour la première fois, il m’a fait l’effet d’un vieux lieutenant moisi sous la contre-épaulette. Mais tous les Italiens sont comme cela, ils ressemblent à de vieux juifs, quand ils n’éblouissent pas comme des mages d’Orient.

— Le jeune homme est mieux, dit Danglars.

— Oui, un peu timide, peut-être ; mais, en somme, il m’a paru convenable. J’en étais inquiet.

— Pourquoi cela ?

— Parce que vous l’avez vu chez moi à peu près à son entrée dans le monde, à ce que l’on m’a dit du moins. Il