Page:Dumas - Le Salteador.djvu/15

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Il est vrai qu’une fois qu’on avait franchi ce nid d’aigle qu’on appelle Alhama, le chemin se faisait plus facile, et, par une pente assez douce, en supposant que l’on vînt de Malaga, et qu’on allàt à Grenade, descendait dans la vallée de Joyena ; mais, alors, à un péril en quelque sorte physique, succédait un danger qui, pour demeurer invisible jusqu’à l’instant où il menaçait de se produire, n’en était pas moins présent à l’imagination du moment où les deux côtés du chemin devenaient praticables, et offraient un refuge dans leurs épais maquis, ces deux côtés du chemin se hérissaient de croix chargées d’inscriptions sinistres.

Ces croix étaient celles qui décoraient les tombes des voyageurs assassinés par les nombreux bandits qui, dans ces temps de troubles civils, peuplaient particulièrement les sierras de Cordoue et de Grenade, c’est-à-dire la sierra Morena et la sierra Nevada.

Au reste, les inscriptions qui chargeaient ces croix ne laissaient aucun doute sur le genre de mort de ceux qui reposaient à leur ombre. En traversant les mêmes sierras, trois siècles après les voyageurs que nous allons, dans quelques instants, faire apparaître aux yeux de nos lecteurs, nous avons vu des croix pareilles à celles que nous décrivons, et nous avons copié sur leurs lugubres traverses ces inscriptions, assez peu rassurantes pour ceux qui les lisent :

ICI
A ÉTÉ ASSASSINÉ UN VOYAGEUR.
PRIEZ DIEU POUR SON ÂME !