Page:Dumas - Les Quarante-Cinq, 1888, tome 1.djvu/133

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

— Ma foi, sire, dit d’Épernon prenant au bond la balle, Votre Majesté est dans le vrai : le subside n’a pas été payé, et je suis sans un écu.

— Bon, fit Henri impatient.

— Mais, reprit d’Épernon, ce n’est point de cela qu’il s’agit, et je me hâte de le dire à Votre Majesté, car elle pourrait croire que ce sont là les affaires dont je me suis occupé.

— Voyons ces affaires, duc.

— Votre Majesté sait ce qui s’est passé au supplice de Salcède ?

— Parbleu ! puisque j’y étais.

— On a tenté d’enlever le condamné.

— Je n’ai pas vu cela.

— C’est le bruit qui court par la ville, cependant.

— Bruit sans cause et sans résultat : on n’a pas remué.

— Je crois que Votre Majesté est dans l’erreur.

— Et sur quoi bases-tu ta croyance ?

— Sur ce que Salcède a démenti devant le peuple ce qu’il avait dit devant les juges.

— Ah ! vous savez déjà cela, vous ?

— Je tâche de savoir tout ce qui intéresse Votre Majesté.

— Merci ; mais où voulez-vous en venir avec ce préambule ?

— À ceci : un homme qui meurt comme Salcède est mort en bien bon serviteur, sire.

— Eh bien ! après ?

— Le maître qui a de tels serviteurs est bien heureux : voilà tout.

— Et tu veux dire que je n’ai pas de tels serviteurs, moi, ou plutôt que je n’en ai plus ? Tu as raison, si c’est cela que tu veux dire.

— Ce n’est pas cela que je veux dire. Votre Majesté trouverait dans l’occasion, et je puis en répondre mieux que