Page:Dumas - Les Quarante-Cinq, 1888, tome 1.djvu/148

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— Regardez-les, sire ; en vérité ils font très-bon effet.

— Oui, habillés, ils ne seront pas mal.

— Croyez-vous maintenant que j’aie le droit de parler des dangers qui vous menacent, sire ?

— Je ne dis pas.

— J’avais donc raison ?

— Soit.

— Ce n’est pas M. de Joyeuse qui aurait eu cette idée-là.

— D’Épernon ! d’Épernon ! il n’est point charitable de dire du mal des absents.

— Parfandious ! vous dites bien du mal des présents, sire.

— Ah ! Joyeuse m’accompagne toujours. Il était avec moi à la Grève aujourd’hui, lui, Joyeuse.

— Eh bien ! moi j’étais ici, sire, et Votre Majesté voit que je n’y perdais pas mon temps.

— Merci, La Valette.

— À propos, sire, fit d’Épernon, après un silence d’un instant, j’avais une chose à demander à Votre Majesté.

— Cela m’étonnait beaucoup, en effet, duc, que tu ne me demandasses rien.

— Votre Majesté est amère aujourd’hui, sire.

— Eh ! non, tu ne comprends pas, mon ami, dit le roi dont la raillerie avait satisfait la vengeance, ou plutôt tu me comprends mal : je disais que, m’ayant rendu service, tu avais droit à me demander quelque chose ; demande donc.

— C’est différent, sire. D’ailleurs, ce que je demande à Votre Majesté, c’est une charge.

— Une charge ! toi, colonel général de l’infanterie, tu veux encore une charge ; mais elle t’écrasera !

— Je suis fort comme Samson pour le service de Votre Majesté ; pour le service de Votre Majesté, je porterais le ciel et la terre.

— Demande alors, dit le roi en soupirant.