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II

CE QUI SE PASSAIT À L’EXTÉRIEUR DE LA PORTE SAINT-ANTOINE.


Un de ces groupes était formé d’un nombre considérable de citoyens surpris hors de la ville par cette fermeture inattendue des portes. Ces citadins entouraient quatre ou cinq cavaliers d’une tournure fort martiale et que la clôture de ces portes gênait fort, à ce qu’il paraît, car ils criaient de tous leurs poumons :

— La porte ! la porte !

Lesquels cris, répétés par tous les assistants avec des recrudescences d’emportement, occasionnaient, dans ces moments-là, un bruit d’enfer.

Robert Briquet s’avança vers ce groupe, et se mit à crier plus haut qu’aucun de ceux qui le composaient :

— La porte ! la porte !

Il en résulta qu’un des cavaliers, charmé de cette puissance vocale, se retourna de son côté, le salua et lui dit :

— N’est-ce pas honteux. Monsieur, qu’on ferme une porte de ville en plein jour, comme si les Espagnols ou les Anglais assiégeaient Paris ?

Robert Briquet regarda avec attention celui qui lui adressait la parole et qui était un homme de quarante à quarante-cinq ans.

Cet homme, en outre, paraissait être le chef de trois ou quatre autres cavaliers qui l’entouraient.

Cet examen donna sans doute confiance à Robert Briquet, car aussitôt il s’inclina à son tour et répondit :