Page:Dumas - Les Quarante-Cinq, 1888, tome 1.djvu/219

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— Si fait, j’en ai donné l’ordre à frère Borromée.

— Qu’est-ce encore que ce frère Borromée ?

— Ah ! c’est vrai, vous ne le connaissez pas.

— Qu’est-il ?

— C’est le trésorier.

— Comment as-tu un trésorier que je ne connaisse pas, bélître ?

— Il est ici depuis votre dernière visite.

— Et d’où te vient ce trésorier ?

— M. le cardinal de Guise me l’a recommandé.

— En personne ?

— Par lettre, cher monsieur Chicot, par lettre.

— Serait-ce cette figure de milan que j’ai vue en bas ?

— C’est cela même.

— Qui m’a annoncé ?

— Oui.

— Oh ! oh ! fit involontairement Chicot ; et quelle qualité a-t-il, ce trésorier si chaudement appuyé par M. le cardinal de Guise ?

— Il compte comme Pythagore.

— Et c’est avec lui que vous avez décidé ces exercices d’armes ?

— Oui, mon ami.

— C’est-à-dire que c’est lui qui vous a proposé d’armer vos moines, n’est-ce pas ?

— Non, cher monsieur Chicot, l’idée est de moi, entièrement de moi.

— Et dans quel but ?

— Dans le but de les armer.

— Pas d’orgueil, pécheur endurci, l’orgueil est un péché capital ; ce n’est point à vous qu’est venue cette idée.

— À moi ou à lui, je ne sais plus bien si c’est à lui ou à moi que l’idée est venue. Non, non, décidément c’est à moi ; il paraît même qu’à cette occasion j’ai prononcé un mot latin très-judicieux et très-brillant.