Page:Dumas - Les Quarante-Cinq, 1888, tome 1.djvu/261

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Il se résolut donc à ne point le perdre de vue.

Malheureusement, au moment où, arrivé au bout de sa mesure, l’homme allait relever la tête, une plus importante découverte vint absorber toute son attention, en le forçant de lever les yeux vers un autre point.

La fenêtre du balcon de Gorenflot s’ouvrit à deux battants, et l’on vit apparaître la respectable rotondité de dom Modeste, lequel, avec ses gros yeux écarquillés, son sourire des jours de fête et ses plus galantes façons, conduisait une dame presque ensevelie sous une mante de velours garnie de fourrure.

— Oh ! oh ! se dit Chicot, voici la pénitente. L’allure est jeune ; voyons un peu la tête : là, bien, tournez-vous encore un peu de ce côté ; à merveille ! Il est vraiment singulier que je trouve des ressemblances à toutes les figures que je vois. Fâcheuse manie que j’ai là ! bon, voilà l’écuyer à présent. Oh ! oh ! quant à lui, je ne me trompe pas, c’est bien Mayneville. Oui, oui, la moustache retroussée, l’épée à coquille, c’est lui-même ; mais raisonnons un peu : si je ne me trompe pas pour Mayneville, ventre de biche ! pourquoi me tromperais-je pour madame de Montpensier ? car cette femme ; eh oui ! morbleu ! c’est la duchesse.

Chicot, on peut le croire, abandonna dès ce moment l’homme aux mesures, pour ne pas perdre de vue les deux illustres personnages.

Au bout d’une seconde, il vit apparaître derrière eux la face pâle de Borromée, que Mayneville interrogea à plusieurs reprises.

— C’est cela, dit-il, tout le monde en est ; bravo ! conspirons, c’est la mode ; mais, que diable ! la duchesse veut-elle par hasard prendre pension chez dom Modeste, elle qui a déjà la maison de Bel-Esbat, à cent pas d’ici ?

En ce moment, l’attention de Chicot éprouva un nouveau motif d’excitation.

Tandis que la duchesse causait avec Gorenflot, ou plutôt