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Le roi rentra dans sa chambre en se frottant les mains.

Loignac fit un signe à Ernauton, qui dit un mot à son valet et se mit à suivre les quatre cavaliers.

Le valet courut à l’écurie, et Ernauton suivit à pied.

Il n’y avait pas de danger de perdre M. de Mayenne ; l’indiscrétion de Perducas de Pincorney avait fait connaître l’arrivée à Paris d’un prince de la maison de Guise. À cette nouvelle, les bons ligueurs avaient commencé à sortir de leurs maisons et à éventer sa trace.

Mayenne n’était pas difficile à reconnaître à ses larges épaules, à sa taille arrondie et à sa barbe en écuelle, comme dit L’Étoile.

On l’avait donc suivi jusqu’aux portes du Louvre, et, là, les mêmes compagnons l’attendaient pour le reprendre à sa sortie et l’accompagner jusqu’aux portes de son hôtel.

En vain Mayneville écartait les plus zélés en leur disant :

— Pas tant de feu, mes amis, pas tant de feu ; vrai Dieu ! vous allez nous compromettre.

Le duc n’en avait pas moins une escorte de deux ou trois cents hommes lorsqu’il arriva à l’hôtel Saint-Denis, où il avait élu domicile.

Ce fut une grande facilité donnée à Ernauton de suivre le duc, sans être remarqué.

Au moment où le duc rentrait et où il se retournait pour saluer, dans un des gentilshommes qui saluaient en même temps que lui, il crut reconnaître le cavalier qui accompagnait ou qu’accompagnait le page qu’il avait fait entrer par la porte Saint-Antoine, et qui avait montré une si étrange curiosité à l’endroit du supplice de Salcède.

Presque au même instant, et comme Mayenne venait de disparaître, une litière fendit la foule. Mayneville alla au-devant d’elle : un des rideaux s’écarta, et, grâce à un rayon de lune Ernauton crut reconnaître et son page et la dame de la porte Saint-Antoine.

Mayneville et la dame échangèrent quelques mots, la li-