turée : c’est Marceau, c’est Hoche, c’est Desaix, c’est Kléber, c’est mon père.
Nés avec la République, ces hommes sont morts avec elle. Rien n’a changé dans ces hommes-là, pas même la forme des habits sous lesquels battaient leurs cœurs si braves, si loyaux, si républicains.
Mon père, Hoche et Marceau se trouvèrent un jour réunis à la même table, tous trois commandaient en chef ; mon père était le plus vieux, il avait trente et un ans.
Les deux autres en avaient, l’un vingt-quatre, l’autre vingt-six.
Cela leur faisait soixante et onze ans à eux trois.
Quel avenir ! si une balle n’eût pas emporté l’un, et le poison les deux autres.
X
Joubert devait à mon père une grande partie des succès de cette belle campagne du Tyrol. Aussi, loyal comme il l’était, fit-il pour son compagnon d’armes ce qu’en pareille circonstance son compagnon d’armes eût fait pour lui. Chaque rapport transmis à Bonaparte mettait sous les yeux du général en chef le nom de mon père entouré des éloges les plus pompeux. À entendre Joubert, tous les succès de la campagne, il les devait à l’activité et au courage de mon père. Mon père, c’était la terreur de la cavalerie autrichienne, c’était Bayard au moyen âge, et, si, ajoutait Joubert, par un de ces miracles qu’amène la révolution des siècles, il y avait alors deux Césars en Italie, le général Dumas en était un.