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MÉMOIRES D’ALEX. DUMAS


II


Mon père. — Sa naissance. — Les armoiries de la famille. — Les serpents de la Jamaïque. — Les caïmans de Saint-Domingue. — Mon grand-père. — Une aventure de jeune homme. — Un premier duel. — M. le duc de Richelieu sert de témoin à mon père. — Mon père s’engage comme simple soldat. — Il change de nom. — Mort de mon grand-père. — Son extrait mortuaire.

Mon père, qui apparaît déjà deux fois dans le récit commencé, — d’abord à propos de mon acte de naissance, ensuite à propos de son contrat de mariage, — était le général républicain Thomas-Alexandre Dumas-Davy de la Pailleterie.

Il était fils lui-même, comme il est constaté dans les actes cités par nous, du marquis Antoine-Alexandre Davy de la Pailleterie, colonel, et commissaire général d’artillerie, auquel appartenait par héritage la terre de la Pailleterie, érigée en marquisat par Louis XIV en 1707.

Les armes de la famille étaient d’azur à trois aigles d’or aux vols éployés, posés deux et un, avec un anneau d’argent placé en cœur ; embrassés par les griffes dextres et senestres des aigles du chef et reposant sur la tête de l’aigle de pointe.

À ses armes, mon père, en s’engageant comme simple soldat, ajouta une devise, ou plutôt, mon père, en renonçant à son titre, et, par conséquent, à ses armes, prit en leur lieu et place cette devise : Deus dedit, Deus dabit[1] ; devise qui eût été ambitieuse si Dieu ne l’avait pas contre-signée.

Je ne sais quelle brouille de cour ou quel projet de spéculation détermina mon grand-père à quitter la France, vers 1760, à vendre sa propriété et à s’en aller fonder une habitation à Saint-Domingue.

En conséquence de cette détermination, il avait acheté une immense étendue de terrain, située vers la pointe occidentale

  1. Dieu a donné, Dieu donnera.