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MÉMOIRES D’ALEX. DUMAS

— Et, comme un homme prévenu en vaut deux, dit Dermoncourt, et que, même quand vous n’êtes pas prévenu, vous en valez cent, cela va être drôle !

— En attendant, dit Bonaparte, comme tu as probablement faim, tu vas prendre le temps de te décrotter, voilà tout, et tu déjeuneras avec nous. Connais-tu Joséphine ?

— Non, général, je n’ai point cet honneur.

— Eh bien, je te présenterai à elle ; va et reviens. Dermoncourt ne se le fit pas répéter deux fois ; il déjeuna et dîna avec Bonaparte, qui exigea qu’il restât au palais et y couchât.

Le lendemain matin, il lui remit une lettre pour mon père, le chargea de mille compliments et lui annonça qu’il pourrait partir quand il voudrait et que la voiture était prête.

Dermoncourt monta en voiture dans la cour ; Bonaparte et Joséphine étaient à une fenêtre et Berthier à la fenêtre voisine.

— Bon voyage ! cria Bonaparte à Dermoncourt.

— Merci, général, répondit celui-ci ; n’oubliez pas le 13 janvier, et défiez-vous des délices de Capoue.

— Sois tranquille, lui cria le général en chef, je ne ferai point comme Annibal.

Voici la lettre que Bonaparte écrivait à mon père :


armée d’italie.république française.

Liberté — Égalité.
« Au quartier général de Milan, le 7 nivôse (dimanche 28 décembre) an v de la République une et indivisible.

« Bonaparte, général en chef de l’armée d’Italie, au général Dumas.

» J’ai reçu la lettre que m’a apporté[1] votre aide-de-camp ; il était impossible d’avoir plus à propos des renseignements

  1. Je conserve l’orthographe de la lettre. J’en ferai ainsi de toutes les lettres que Je citerai.