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MÉMOIRES D’ALEX. DUMAS

Cela posé, que ni moi ni mon père n’étions bâtards, et en nous réservant de prouver, à la fin de ce chapitre, que mon grand-père ne l’était pas plus que nous, je continue.

Quant à ma mère, Marie-Louise-Élisabeth Labouret, elle était fille, comme on l’a vu, de Claude Labouret, commandant de la garde nationale et propriétaire de l’hôtel de l’Écu au moment où il signait le contrat de mariage de sa fille, mais anciennement premier maître d’hôtel de Louis-Philippe d’Orléans, fils de Louis d’Orléans, qui avait fait si peu de bruit, et père de Philippe-Joseph, qui venait de prendre le surnom de Philippe-Égalité, et qui en faisait tant.

Louis-Philippe était mort d’une attaque de goutte, au château de Sainte-Assise, le 18 novembre 1785. L’abbé Maury, qui disputait fort, en 1791, contre le fils, avait fait, en 1786, l’éloge funèbre du père à Notre-Dame.

Je me rappelle avoir très-souvent entendu parler à mon grand-père de ce prince comme d’un homme excellent et assez charitable, quoique avare. Mais c’était surtout madame de Montesson que mon grand-père tenait en véritable idolâtrie.

On sait que Louis-Philippe d’Orléans, — veuf en premières noces de cette fameuse Louise-Henriette de Bourbon-Conti, dont les déréglements amoureux avaient fait scandale même à la cour de Louis XV, — avait, le 24 avril 1775, épousé en secondes noces Charlotte-Jeanne Béraud de la Haie de Riou, marquise de Montesson, demeurée veuve en 1769 du marquis de Montesson, lieutenant des armées du roi.

Ce mariage, quoique resté secret, s’était fait de l’agrément de Louis XV ; Soulavie donne, sur sa célébration et son accomplissement, quelques détails assez curieux pour que nous les consignions ici.

Ces détails ne manqueront pas d’intérêt, nous l’espérons, dans une époque où les mœurs sont devenues si différentes de ce qu’elles étaient alors.

Posons d’abord ceci en principe : c’est que madame de Montesson passait à la cour et à la ville pour avoir cette singulière